WingsOfAnAngel
Banned
ill o.g.
Battle Points: 3
Comme Michel Piccoli dans "La Grande Bouffe", le Hip Hop se nourrit à l’excès d’influences diverses et variées, même si les courants musicaux Afro-Américains des années 60 et 70 restent les matières primaires. Les claviers analogiques, détestés par les puristes comme le Jazz Rock en son temps, n’ont pas toujours été l’outil de prédilection utilisé pour la genèse des morceaux de rap, comme veut nous en convaincre le peu doué Swizz Beat. Entre 1988 et 1995, un âge d’or pour tout amateur de rap, les concepteurs musicaux comme guidés par une sainte quête, se sont mués en archéologues et ont commencé à (re)dépoussiérer un nombre incroyable de galettes de cire, sans aucune considération de frontière musicale, à la recherche du break parfait et encore non utilisé. La pratique du Crate Digging, littéralement l’art d’accumuler de la poussière millésimée provenant des bacs de disque sous ses ongles, se répand chez les B-Boys avides de retrouver les racines de notre culture. Les chef d’œuvres sortis des caves seront des sources inépuisables d’inspiration pour les producteurs et donneront naissance à de nombreux classiques. De The Low End Theory de A Tribe Called Quest à The Wrath of the Math de Jeru The Damaja, les méthodes de recherche et d’utilisation des boucles se sont considérablement diversifiées. Le rap cessera d’être une remise au goût du jour des standards de funk, et une source de financement pour les costumes de George Clinton. Les Dj’s, afin de trouver leur subsistance, commencèrent à déserter les circuits traditionnels de ventes de disque et développèrent leurs propres filières d’approvisionnement en se fournissant, parfois, directement auprès des artistes originaux comme Peanut Butter Wolf ou Cut Chemist, entre autres.
En 1996, Josh Davis, un B-Boy de la première heure, publia Endtroducing son premier album sous le nom de DJ Shadow, qui sera à tort considéré comme la figure de proue de l’effet de mode Trip Hop, un terme sans aucun fondement culturel inventé par des journalistes musicaux soucieux de vendre du papier. Ce disque est une des pierres angulaires du Crate Digging. Son succès va populariser la pratique, et permettre à toute une génération de mélomanes de découvrir le travail de producteurs aussi influents artistiquement que David Axelrod ou Galt Mc Dermott (le compositeur de la bande original de Hair). En piochant dans tous les styles musicaux et en révolutionnant le mode de conception des morceaux, l’album montre aussi que le Hip Hop est une culture impossible à cloisonner dans des schémas de conception rigide imposés par les gardiens du temple. L’important est d’intégrer dans la manière de concevoir les boucles les richesses du mouvement. Le disque est conçus comme un hommage aux musiciens passionnés tombés dans l’oubli collectif, et à la "culture du vinyle", à l’époque en voie de disparition victime de la soif de rentabilité des maisons de disques.
Outre l’apport artistique, la recherche d’enregistrement sonore permet la (re)découverte de mouvements musicaux qui évoluaient en marge des circuits médiatiques. Les private press, les disques édités à compte d’auteur à l’époque où le 45 Tours régnait en roi absolu, étaient produits et enregistrés en totale indépendance et ne découlaient d’aucune ambition mercantile. Au cours des années 60, leur impact sur l’évolution musicale est sensiblement plus intéressant que, par exemple, les productions Motown. Même si de nombreux classiques de la musique ont le nom du label collé au dos de la pochette, le son créé par les directeurs artistiques était, déjà, formaté au goût des auditeurs. Il faudra attendre la décennie suivante, et des musiciens comme Stevie Wonder, pour que les enregistrements soient pervertis par une véritable folie créatrice et s’émancipent des carcans sonores de la pop.
Les artistes qui actuellement maintiennent la culture hip hop sous perfusion et les musiciens Afro-Américains actifs durant les seventies semblent connaître des destinées similaires. Ils ont été et sont toujours, pour la plupart, "prisonnier" d’un circuit underground qui les protégent contre l’uniformisation artistique prônée par l’industrie musicale, mais qui n’empêche pas la classification élitiste dont souffre leurs productions. Ils ont aussi une faculté déconcertante à retomber dans l’anonymat le plus absolu une fois leur effort produit. Le crate digging est une démarche alternative indissociable du Hip Hop, qui tend à prouver que la musique ne se limite pas seulement à une liste d’une trentaine d’artistes, que l’on nous présente comme majeurs et incontournables, et dont les œuvres suffisent à remplir entièrement la playlist de Nostalgie.
En 1996, Josh Davis, un B-Boy de la première heure, publia Endtroducing son premier album sous le nom de DJ Shadow, qui sera à tort considéré comme la figure de proue de l’effet de mode Trip Hop, un terme sans aucun fondement culturel inventé par des journalistes musicaux soucieux de vendre du papier. Ce disque est une des pierres angulaires du Crate Digging. Son succès va populariser la pratique, et permettre à toute une génération de mélomanes de découvrir le travail de producteurs aussi influents artistiquement que David Axelrod ou Galt Mc Dermott (le compositeur de la bande original de Hair). En piochant dans tous les styles musicaux et en révolutionnant le mode de conception des morceaux, l’album montre aussi que le Hip Hop est une culture impossible à cloisonner dans des schémas de conception rigide imposés par les gardiens du temple. L’important est d’intégrer dans la manière de concevoir les boucles les richesses du mouvement. Le disque est conçus comme un hommage aux musiciens passionnés tombés dans l’oubli collectif, et à la "culture du vinyle", à l’époque en voie de disparition victime de la soif de rentabilité des maisons de disques.
Outre l’apport artistique, la recherche d’enregistrement sonore permet la (re)découverte de mouvements musicaux qui évoluaient en marge des circuits médiatiques. Les private press, les disques édités à compte d’auteur à l’époque où le 45 Tours régnait en roi absolu, étaient produits et enregistrés en totale indépendance et ne découlaient d’aucune ambition mercantile. Au cours des années 60, leur impact sur l’évolution musicale est sensiblement plus intéressant que, par exemple, les productions Motown. Même si de nombreux classiques de la musique ont le nom du label collé au dos de la pochette, le son créé par les directeurs artistiques était, déjà, formaté au goût des auditeurs. Il faudra attendre la décennie suivante, et des musiciens comme Stevie Wonder, pour que les enregistrements soient pervertis par une véritable folie créatrice et s’émancipent des carcans sonores de la pop.
Les artistes qui actuellement maintiennent la culture hip hop sous perfusion et les musiciens Afro-Américains actifs durant les seventies semblent connaître des destinées similaires. Ils ont été et sont toujours, pour la plupart, "prisonnier" d’un circuit underground qui les protégent contre l’uniformisation artistique prônée par l’industrie musicale, mais qui n’empêche pas la classification élitiste dont souffre leurs productions. Ils ont aussi une faculté déconcertante à retomber dans l’anonymat le plus absolu une fois leur effort produit. Le crate digging est une démarche alternative indissociable du Hip Hop, qui tend à prouver que la musique ne se limite pas seulement à une liste d’une trentaine d’artistes, que l’on nous présente comme majeurs et incontournables, et dont les œuvres suffisent à remplir entièrement la playlist de Nostalgie.